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Archive pour décembre 2006

Souvenir d’Apollinaire

Jeudi 14 décembre 2006
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

  L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure


Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

“Le Pont Mirabeau”
Apollinaire, Alcools (1912)

Fiche “BacFrançais”
enregistrement de la voix d’Apollinaire lui-même!

“Actions de grâces”
in “Changer la vie” de Jean Guéhenno

Lundi 11 décembre 2006

« Un grand empereur, à la veille de quitter la vie, fit le compte de ce qu’il devait à son père, à sa mère, à ses maîtres, à ses amis, aux dieux, et, tout prince qu’il fût, en tête de ce livre de raison qu’il tenait et où il consignait ses pensées de maître du monde, il inscrivit ses plus anciennes dettes, celles dont on finit par n’avoir plus même conscience, qu’on oublie et ne paie jamais, ses dettes d’enfant et d’adolescent. Il nota comme un bon comptable, les exemples, les bontés, les sourires sans lesquels, il ne fût jamais devenu l’homme qu’il était, Marc-Aurèle. »

« Quand un si grand prince pensait avoir de telles dettes, quelles sont donc les nôtres ? Moins glorieuses sans doute, mais non pas moins réelles, ni moins profondes, ni moins sacrées. La faute n’en est qu’à nous si nos créanciers demeurent, comme nous-mêmes, anonymes. Ce qui est sans nom ne peut faire valoir le nom des autres. Créanciers et débiteurs roulent au même abîme. Mais la plus humble vie qui paraît un moment à la lumière du ciel est une grande faveur, et il ne fallut pas moins de patience et de tendresse à la former que celle d’un empereur. Je rendrai donc ici des actions de grâces : à mon père… à ma mère… »

Jean Guéhenno